2022

2021

« Des petits boulots » pour « les petites mains » : Rémi De Vos en a connu avant de devenir écrivain ! Aujourd'hui reconnu, en particulier pour ses pièces de théâtre (Jusqu’à ce que la mort nous sépare – 2002, adapté au théâtre en 2006/2007, une vingtaine de pièces éditées principalement chez Actes Sud-Papiers et traduites dans de nombreux pays étrangers), plusieurs de ses scénarios prennent en compte ces milieux dans lesquels il a un jour évolué. Celui de Beyrouth Hôtel, écrit en 1994 et mis en scène 2 ans plus tard, en est un.


Une réceptionniste d'hôtel voit arriver un jour à Beyrouth, au Liban, un voyageur, écrivain de pièces de théâtre tout juste débarqué d'avion en provenance de Paris, dans ce lieu qui lui a été indiqué : correct, pas cher ! lui a-t-on assuré. Il doit y retrouver un metteur en scène. Elle répond au profil  et même plus encore, l’hôtel dans lequel arrive notre voyageur étant loin de la catégorie internationale. Tenu par sa famille, on ne fait qu’y « passer », a priori dans les deux sens du terme.


Personne n’y reste, personne ne s’y trouve d’ailleurs, hormis ce « théâtreux » parisien, écrivain sans succès, quelque peu paumé. En dehors de sa mission principale qui est celle d'accueillir, renseigner et encaisser ses clients, la réceptionniste assure  des activités annexes, tel le service des boissons et le ménage. Le profil physique de la jeune femme est par contre tout à fait hors critères : maquillée, ongles vernis, tenue sexy et sensualité débordante, elle ne tarde pas à faire passer le message à ce parisien tombé du ciel : charmer fait aussi partie de son job.


Un jukebox  distille d’une façon fantaisiste une musique orientale la plupart du temps, qui impulse la danse ou son arrêt forcé d’une manière étonnante.


Notre voyageur n’est pas de ce genre. Dans un début d’histoire sans paroles, on voit bien que le physique a voyagé mais que l’esprit n'a pas quitté Paris. Même si des mots sont enfin prononcés, ils alimentent plutôt les communications téléphoniques que la discussion avec la jeune femme entreprenante … Alors qu’elle cherche ses yeux, il fuit les siens. Notre voyageur fuit tout d’ailleurs : son pays, sa femme qui l’a quitté, ses échecs professionnels ... Et l’histoire aurait pu se poursuivre ainsi pendant longtemps, sans la belle persévérance de l'hôtesse.


Ainsi, rivée sur mon siège, j’attends : un changement d’attitude, des paroles plus profondes, un véritable échange, une action … Et peu à peu, le charme opère … Sur fond de musiques orientales, en gestes sensuels, forte de sa féminité, la standardiste s’approche, se rapproche. Un frisson … Il serait fou de résister à ce grand jeu de la séduction, notre voyageur désespéré, ainsi replié sur son égo d’homme délaissé. Fou ou complètement aveugle. Et pourtant ! …


Au-delà de sa valeur sentimentale, Beyrouth Hôtel, c’est aussi la rencontre entre deux nations, une histoire de géopolitique. C'est le Beyrouth d’aujourd’hui, d’hier et d’avant-hier … : la guerre, les attentats, le business plus ou moins honnête, l’aperçu d’un Liban en conflits depuis des années, où la vie s’est peu à peu reconstruite à partir d’événements tragiques qui s’y sont déroulés et s’y déroulent encore.


  

Crédit Photos L'Art de CATH

ADRESSE (L')


2, avenue de la Trillade

84000 - Avignon -


du 7 au 30 juillet - Relâches : 12, 19, 26 juillet


à 18h35

Au cœur d'un Liban déchiré et ses lendemains qui déchantent,  un auteur de théâtre parisien sans grand succès mais emporté par son rêve de réussite, a rendez-vous avec un metteur en scène local. Ce dernier lui fait faux bond, le stoppant dans ses projets.


Désœuvré, il  se retrouve dans un petit hôtel. Beyrouth n'aura rarement été aussi beau que sous les traits de la  jeune réceptionniste qui l'accueille. Elle est solaire, jeune, espiègle, sexy et déploie  et dévoile ses charmes pour le séduire. Elle refuse d'être muselée par la guerre elle refuse de vivre dans un climat de peur. Les magazines people éclairent ses journées et la font rêver.


  

Lui est animé d'une rage intérieure, désenchanté mais pétri de certitudes, d'interrogations intellectuelles, un brin méprisant et égocentrique. Il vit à Paris, apprend que sa femme le quitte, un être un peu noyé, qui malgré tous les gens qu'il côtoie et la lecture de Madame Bovary qui l'accompagne, reste seul.


Elle, souriante malgré les pistes chaotiques de son pays où il ne fait pas bon flâner, elle veut vivre, son rêve serait de découvrir Paris. L'imaginaire peut se développer lorsque le corps est enfermé dans un pays  incertain. Elle pourrait sombrer dans un pessimisme irrévocable pourtant elle rayonne, et dégage une énergie vitale qui illumine tout ce qu'elle touche.


Elle l'agace, il pourrait fuir, il ne le fait pas, il l'écoute, peut-être pour tromper sa solitude ? Ils ne sont que tous les deux, on entend la violence extérieure qui gronde, entrecoupée par ce juke-box qui diffuse des chansons, créant une ambiance, un tourbillon qui libère les maux.

Il s'agit d' un carrefour de deux rencontres, de deux cultures, il la jauge, l'observe, elle  s'immisce , prend le contrôle . Entre tension, résistance et t séduction, chacun va peu à peu être relié par le désir de l'autre. Une plongée émouvante entre l'Orient et l'Occident, une histoire qui pourrait paraître sombre, mais qui empreinte d'une teinte légère nous entraîne peu à peu dans une bulle de tendresse. Un regard optimiste sur la vie où rien n'est jamais perdu, ou le processus de reconstruction en découvrant l'autre nous fait grandir comme un beau voyage initiatique.


Nathalie Comtat  incarne ce rôle avec fougue et passion. Son jeu enflammé nous émeut et nous fait sourire.


Olivier Douau nous embarque dans un univers ou il excelle. Une prestation de haut vol qui incarne tout le désespoir et la fragilité. Son jeu est d'une rare intensité et palpable à chaque seconde du spectacle.


La mise en scène est astucieuse, un  magnifique travail d' d'Olivier Douau sur un texte de Rémi De Vos. La dérision est présente et met en valeur la psychologie des personnages.

Une pièce qui mêle le drame et le rire chez les spectateurs, on frémit aussi, un spectacle qui en appelle au tréfonds du genre humain.


 Un regard optimiste sur la vie où rien n'est jamais perdu, le public est conquis et applaudit longuement.


Fanny Inesta




De Rémi De Vos

Mise en scène : Olivier Douau

Avec : Nathalie Comtat, Olivier Douau

  

Ses jeunes habitants y naissent et y grandissent, cœurs prêts à aimer et à être aimés, corps prêts à se donner, des rêves et des idéaux plein la tête … avec pour les réaliser, des occasions à ne pas manquer, et le business, à tous les étages, au propre et au figuré (un bar de nuit est installé au rez-de-chaussée). Et puis vivre, par-dessus tout ; faire la fête, danser, ne pas se prendre la tête. Alors qu’en France, c’est l’opposé ou presque. Pas de guerre mais des tensions sociales à la pelle, des insatisfactions permanentes, des gens qui se dénigrent, se perdent à force de trop avoir et de ne plus rien voir de ce qu'ils ont.


Nathalie Comtat campe avec une belle énergie cette réceptionniste « nature », sans ambages mais avec force jeux de jambes, chaussées alternativement d’escarpins à talons hauts, rouge ou dorés. Elle se déplace sur ce plateau profond du Théâtre de l’Adresse, disparaît, réapparaît de derrière les grands rideaux noirs de la scène, tourne maintes fois le dos au public. Mais ce qui pourrait passer pour une maladresse fait sans aucun doute partie du jeu.


Le voyageur quant à lui, interprété par Olivier Douau (voir → Un Contrat  - une pièce de Tonino Benacquista présentée à ce même théâtre durant la dernière édition du → Festival Off d’Avignon), joue toujours face au public, téléphone en mains pour des communications inutiles et vaines, même lorsqu'il s'adresse à elle. Un jeu en parallèle et en dos à dos, très bien construit, très bien mené.


Si ce n’était le tragique de la situation du Liban, on se demanderait presque si, entre nos 2 personnages, le plus heureux, ce n’est pas elle, avec ses espoirs qui la portent, l’aident à vivre, contre ses attentes à lui, désespérées. Lesquels porteront leurs fruits, lesquels seront vains ? Entre drame, sentimentalité et comédie, espérons que le féminin l'emporte.


Cath - L' Art de CATH


https://www.selectionsorties.net/

  

Des pièces de théâtre avec des personnages noyés dans leur solitude ou alors paumés pour des raisons très diverses, il en existe à la pelle.

Mais lorsque vous avez pris la décision d’assister à la pièce « Beyrouth Hôtel », écrite par l’auteur dramatique prolifique Rémi de Vos, au Théâtre de l’Adresse, vous auriez peut-être une autre opinion sue qui est paumé dans le dialogue des deux protagonistes dans cette pièce.

Elle, une jeune femme, belle et plein d’élan, coincée dans un pays en guerre et qui noie sa solitude dans un hôtel modeste à Beyrouth comme réceptionniste et lui, auteur dramatique probablement en fin de course, qui a atterri là par défaut et qui essaie de vendre sa dernière création littéraire à un metteur en scène libanais, injoignable et invisible.

Les jours s’écoulent dans cet hôtel, avec des tensions dues à des attentats, entrecoupés par la musique orientale ou du rock, s’échappant d’un jukebox antédiluvien.

Les deux se parlent, racontent leur histoire. Elle ne rêve que de Paris parce que lui, il  est Parisien.

Lui, il essaie de rabibocher avec son ex par des longs messages sur un répondeur, essaie de joindre le metteur en scène, son agent à Paris et invente un quotidien positif.

Ces deux solitaires se rapprochent tout doucement, se reniflent, s’apprivoisent et puis non, il repart et elle…

Nathalie Comtat et Olivier Douau jouent avec une justesse remarquable, donnant chair et os à une histoire de solitaires avec lesquels le spectateur pourrait s’identifier à quelques moments si ce n’est qu’il ait également beaucoup d’humour et des éclats de rire, chassant ainsi le côté parfois sombre…

La mise en scène d’Olivier Douau est absolument parfaite et très bien servie par la création lumière de David Ripon et le décor de Jean-Bernard Tessier et Monia Nabli.

Un grand moment de théâtre à voir et à revoir !



Peter Barnouw

  

C'est la rencontre, drôle et subtile, rythmée par un complice musical malicieux, entre l'Orient et l'Occident... La rencontre entre un intello parisien un peu coincé et une libanaise spontanée, donc entre un homme et une femme...


Mais pour ça, c'est loin d'être gagné...



Au théâtre de l'Adresse les 4 et 5 Novembre

A Bédoin le 7 novembre

Entretien avec Olivier Douau

Réactions

Beyrouth Hôtel à 20h30 avec Nathalie Comtat, et Olivier Douau

Auteur Rémi De Vos.

Moi, toute en confiance je vais voir les pièces de Rémi De vos, et quand en plus mon amie Dominique Lhotte me le conseille, j'y vais, je ne me pose aucune question.

Déjà un des comédiens Olivier Douau je l'avais vu, dans le contrat, que j'avais bcp bcp aimé. Donc tout était en adéquation pour que je passe une bonne soirée.


Et ma soirée fut belle. En plus à la fin la cie nous offre un verre de rosé !!! alors là..........


Un auteur de théâtre pas trop décontracté, passe quelques jours à Beyrouth, dans un hôtel pas cher, pour attendre la visite d'un metteur en scène qui devrait monter sa pièce. Or point de visite, et lui attend, avec une réceptionniste très belle, sensuelle, qui l'aguiche un peu, mais lui ne comprend rien, bon sang qu'il est fermé cet homme. Elle légère, gaie, malgré l'ambiance de guerre qui existe dans la ville, pleine de vie, d'entrain, se confronte à cet homme complètement introverti, qui pleure sa femme qui l'a quitté, et son attente de cet hypothétique metteur en scène qui devrait lui donner la gloire.


Un duo dichotomique, qui nous transporte dans un Beyrouth de guerre, mais où l'amour, la fête existent peut-être plus intensément que dans un pays sans remous.


Elle le veut, lui ne voit rien.........................Finalement que va-t-il se passer ? Qui des deux profitent pleinement de la vie, avec ses joies, ses rires, ses douleurs ?


J'ai aimé les deux comédiens, j'ai aimé le texte, j'ai aimé la mise en scène, sobre.


Un beau spectacle, qui se jouera au festival  cet été, mais qui est encore là demain soir, à 20h30 à l'Adresse rue de la Trillade. (ce n'est pas loin des remparts). Promis vous aimerez.


Geneviève Brissot

  

Plaisir, joie et bonheur du théâtre bien fait et bien mené.


« Débrayage suivi de Beyrouth Hôtel » est le premier ouvrage écrit par Rémi De Vos en 1994, publié et créé au Théâtre de Lorient en 1996.

 

"Beyrouth Hôtel", c'est une histoire de paroles qui aboutissent mal, voire pas, ou qui pourraient ne pas aboutir ... qu'elles soient adressées indirectement par téléphone ou en direct, certainement pas en face à face en tout cas puisque de face à face en l'occurrence, il n'y en a pas, ou quasiment pas. Les jeux de dos, comme on en trouve rarement au théâtre, sont par contre essentiels. Tout un symbole!


"Beyrouth Hôtel", c'est avant tout une histoire de rencontre ... Enfin, si l'on peut dire. D'échange ? ... Si l'on peut la qualifier aussi ainsi. En fait, "Beyrouth Hôtel", c'est surtout une histoire de sentiments, une histoire sentimentale assortie d'une somme de dialogues (ou monologues ?) : "dialogue" tout d'abord entre un voyageur, "théâtreux" français désabusé, désargenté, désenchanté, tout juste arrivé au Liban, et la réceptionniste de l'hôtel, jeune femme à l’apparence et aux attitudes aguicheuses ; "dialogues" ensuite par téléphone, du voyageur à un ami invisible et à une femme évaporée qui n'existe plus quant à elle, que par répondeur interposé.

 

Au Liban, le danger est partout. Les habitants y sont habitués, ils sortent, ils rêvent aussi. Dans son hôtel, notre sulfureuse réceptionniste fait de même ; sexy, toute en jeux de séduction, elle s'active dans ses activités, s'anime par la danse, idéalise, imagine. Sa sensibilité, son attention pour son client qui, apeuré par l'état guerrier de l'environnement, est incapable de sortir, sont palpables. Elle nous enchante par son naturel et sa spontanéité. Parviendra t'elle à attirer son attention, à le séduire ? ... Tout l'enjeu est là.


Face à Nathalie Comtat dans ce rôle féminin, Olivier Douau que nous retrouvons avec plaisir ici (il interprétait un tueur manipulateur en démarche de psychanalyse dans Un Contrat, pièce de Tonino Benacquista jouée à L’Adresse pendant la dernière édition du Festival Off d’Avignon), démontre sa belle faculté d’adaptation à différents registres, s'effaçant pour ce spectacle devant la présence accentuée, insidieuse aussi parfois mais toujours très sensuelle, de sa partenaire. Une belle réussite pour tous deux et notre plus grand plaisir.



Catherine Giraud



BEYROUTH HÔTEL de Rémi De Vos

avec Nathalie Comtat et Olivier Douau

Mise en scène Olivier Douau

Création lumière François Alapetite

Décor Jean-Bernard Tessier et Monia Nabli

Compagnie du Nouveau Monde

Attachée de presse Dominique Lhotte


www.compagniedunouveaumonde.fr