Très très belle soirée autour du livre de Brigitte BENKEMOUN : " Je suis le carnet de Dora Maar " (éditions Stock).
Dora Maar rencontre Picasso, lui, déjà célèbre, elle, photographe talentueuse en devenir, au Café des 2 Magots.
Tout de suite, sans lui avouer son admiration pour lui, elle pose sa main sur la table et avec un canif elle s'amuse à le planter entre ses doigts, de plus en plus vite.....elle se blesse, le sang coule, elle, impassible remet son gant, lui, subjugué.....lui demande de lui offrir son gant.....qu'il exposera longtemps dans une vitrine chez lui. Leur histoire commence.
Cet épisode, connu, Brigitte Benkemoun le narre bien sûr pour planter le décor, mais ce n'est pas le plus surprenant.
Cette journaliste curieuse (pléonasme) et intelligente (dans le sens du terme : qui sait lire entre les lignes) tient dans ses mains un petit carnet, acheté sur internet, et un heureux hasard a voulu que ce soit le répertoire téléphonique de Dora Maar !
Une enquête digne d'un roman d’Agatha Christie va l'amener à retrouver la trace et le pourquoi de la présence de ces personnes dans ce carnet. Ils sont célèbres, très nombreux et disent tous quelque chose de la vie de Dora Maar et surtout de sa relation avec Picasso. On croyait tout savoir sur cette histoire sublimée par les plus émouvants tableaux que Picasso a peint pendant cette période, mais l'angle par lequel Brigitte Benkemoun aborde cette histoire de vie, je devrais mettre vies, (Picasso apparaît dans le processus de création assez original), nous entraîne dans l'intimité despersonnes figurant dans ce carnet : Eluard, Aragon, Lacan, Giacometti, Braque, Cocteau....
On rêve...
Le livre fourmille d'anecdotes toutes captivantes, même si l'on sait que Picasso n'a de cesse de la tromper, elle, si belle,si talentueuse...Elle l'aime, il est infidèle, elle pleure, il veut la quitter, elle pleure....lui, il peint : La Femme qui Pleure.
Il n'y a pas de mépris ou de moquerie pour cette femme qui pleure mais beaucoup d'amour dans cette série de portraits, cependant....aucune compassion ! Picasso " macho" ou " pervers narcissique " dirait-on aujourd'hui ? Pour notre plus grand bonheur de se noyer dans les yeux mouillants, mouillés de cette chère Dora Maar que Brigitte Benkemoun nous donne à aimer encore plus. Bonne lecture.
Hannah