Entretien avec Joseph Agostini,
Lionel Dameï et , Alain Kingler
Théâtre Le Verbe Fou
Sur le point d'arriver à la maison, je me rends compte que j'ai conduit sans avoir conscience de la route tant j'étais dans l'article que j'allais écrire à l'issue de cet immense plaisir que m'a procuré ce spectacle " Dalida sur le Divan".
Je voudrais écrire le titre avec des paillettes mais mon téléphone sur lequel j'inscris ces mots, ne me le permet pas.
J'avoue que je ne savais pas du tout à quoi m'attendre et que je me rendais au Verbe Fou, détendue et sans à priori.
Divine Diva, j'ai adoré la subtilité du comédien Lionel Dameï, il incarne Dalida sans la caricaturer avec une finesse d'orfèvre. Je voyais (enfin j'imaginais) derrière lui, Dalida, avec ses longs cheveux lâchés et sa robe fourreau longue lamée or comme dans mes souvenirs. Elle était là. Le fait que ce soit un homme qui joue sans parodier une femme mais en étant "Elle", à sa façon à lui, m'a beaucoup touchée.
C'est un comédien exceptionnel, mesuré, délicat, qui joue avec l'intelligence du coeur... J'arrête... n'en jetez plus...
Alain Kingler, quant à lui, est tout aussi harmonieux dans son rôle, il est le psy de Dalida, il la taquine, l'interroge, la pousse, la retient...je l'ai trouvé séduisant et habile dans l'accompagnement de sa patiente.
C'est un très beau spectacle, qui met en valeur une femme, une artiste inoubliable, qui a beaucoup souffert, qui a beaucoup fait de scène et qui reste gravée dans les mémoires.
Souvent imitée dans des spectacles de music hall, ce soir elle était incarnée et délicatement présentée dans toute sa sensibilité et sa souffrance.
J'oublie de dire, l'histoire : Dalida chez son psy, raconte, répond à ses questions.
Les deux comédiens chantent, Alain Kingler joue du piano et chante.
J'avais envie de chanter aussi avec eux, d'ailleurs je l'ai fait, ainsi que tout le public, à la fin, au rappel !
C'était vraiment agréable ce moment de partage.
L'oeuvre de Joseph Agostini, psychanalyste est à remercier, "Dalida sur le divan: La vraie vie de Dalida".
Elle a permis ce spectacle qui m'a vraiment beaucoup touchée, j'ai été très émue de sa chanson "Lucas" que je ne connaissais pas.
Un vrai succès ce soir, d'ailleurs avec les applaudissements, les bravoooooo, j'ai sifflé avec mes doigts et étonné ma voisine, surprise, qui m'a regardée en riant.
A voir absolument.
Natacha Régnier- Ledieu
Sur la scène deux hommes assis, l'un derrière un guéridon, l'autre derrière un piano, très vite débute une séance de psychothérapie. Et nous voilà replongés en 1986 quand Dalida va partir pour l'Egypte y accomplir son vieux rêve : jouer dans un film dramatique. Elle a été embauchée par Youssef Chanine le plus grand réalisateur égyptien de l'époque pour tourner dans « le sixième jour »..
Son interprétation sera unanimement saluée... même si le film n'aura pas le succès escompté. Mais sous nos yeux les personnages vont évoluer se préciser, l'un est Dalida, la chanteuse toute en introspection, en finesse, poignante et vraie. Elle n'est pas la Dalida du disco, elle est celle qui réfléchit sur sa vie, qui sait analyser ses échecs et surmonter ses pleurs. Celle qui se bat avec son frère à ses côtés dans une relation fusionnelle.
Une Dalida qui nous bouscule, nous dérange dans un premier temps puis qui nous conquiert, nous subjugue. Lionel Damei nous fait oublier qu'il est un homme par sa voix et sa gestuelle, c'est prodigieux. Il a une présence immense. L'autre est son psychanalyste qui l'aide à dévider le cours de sa vie, qui l'aide à avancer dans sa propre connaissance d'elle même. Alain Klingler est un remarquable clinicien qui a les mots justes et aussi les notes appropriées sur le piano et dans la voix.
Dalida est profonde, marquée par la vie ….et quelle vie !!!!, trois de ses amants se suicideront. Si elle ne fut pas heureuse en amour elle occupera une place d'honneur dans la chanson avec un nombre incalculable de succès qui restent encore de nos jours sur nos lèvres. Dalida c'est plus qu'une chanteuse c'est un mythe, une femme qui a marqué le monde de la chanson de son empreinte indélébile.
Pour arriver à en faire un personnage de théâtre il a fallu tout le travail d'introspection et d'écriture qu'à mené le psychanalyste Pierre Agostini qui nous avouait « si je suis devenu psychanaliste c'est grace à elle ». A suivi le travail d'abord de réécriture de Lionel Damei et Alain Klinger, puis le jeu tout une finesse sur la scène.
Le temps a suspendu son vol tout au long de la pièce, c'est un travail remarquable salué par un salle comble de ses applaudissements chaleureux. Il faudra réserver car cette pièce va avoir du succès.
Jean Michel Gautier
À partir du livre de Joseph Agostini
avec Lionel Damei à l'écriture et au chant
et Alain Klingler à l'écriture et au piano
Dalida sur le divan
Au théâtre du Verbe fou
Rue des infirmières
84000 Avignon
du 7 au 31 juillet 2022
Nous avons tous en mémoire l'icône, sa voix inoubliable et l'idole portée en triomphe. Mais les feux de la rampe n'ont pas préservé Miss Egypte, puis celle qui s'imposera ave Bambino. Elle embrassera plusieurs styles, allant jusqu'au twist , le raï , le pop et le disco et un répertoire de plus de sept cents chansons.Nous connaissons tous la femme fragile, passionnée, ses drames et ses faiblesses. Mais derrière son succès d'artiste, où était la femme, qui était t-elle vraiment et qu'à t-on fait d'elle ?
Alain Klingler est psychanaliste. Elle est dans son cabinet et il va tenter de sonder ses certitudes fragiles, il la questionne, la désarçonne, lui parle d'Orlando, ce frère si présent, cette relation si particulière faite de désir et de rejet. Une succession qui nous plonge dans les parties les plus obscures et les plus lumineuses de son être . Il lui parlera de Youssef Chahine lorsqu'il lui proposera le rôle qu'elle a attendu toute sa vie, dans le sixième jour .
Alain Klingler incarne ce rôle avec conviction. Il a une présence incroyable et un regard qui subjugue. Ce dialogue nous ramène à quelque chose d'étrange, de sublime, d'éphémère et d'éternel à la fois lorsqu'il s'agit d'évoquer les affres de la passion. Pianiste, il se met au service du chanteur avec une pureté, une justesse de l'accompagnement, un spectacle d'une rare intensité.
Entre le récit de sa vie, s'élève la voix de Lionel Damei. D'une sobriété quasi mystique, beauté et volupté trouvent leur place dans l'espace scénique. Ici, la grâce d'ondulantes odalsiques lascives et sensuelles s'offrent à nous. Une vénus qui se fond et se confond avec elle. Joué et chanté par un homme, sans cheveux du reste, nous apparaît une Dalida plus vraie que nature dans une grâce absolue. Un spectacle d'une rare intensité, un résultat à mettre sans doute au crédit d'un travail passionné du chant, de l'harmonie entre la musique les voix et les mouvements du corps.
Un spectacle prodigieux qui nous a transpercé le cœur, le résultat d'une fusion entre les comédiens et l'auteur Pierre Agostini, des dialogues tournoyants devant nos yeux ébahis ; une création raffinée, sobre, tout en délicatesse, une histoire d'amour qui nous rappelle que le désir d'éternité est un réflexe vieux comme le monde subjugué par le jeu, le chant et la musique tout en subtilité et en grâce.
Une envie irrépréssible de chanter nous tenaille et spontanément nous avons tous repris en choeur la dernière chanson, un moment hors du temps, une communion où pour un instant, nous étions tous au plus près d'elle.
A réserver sans plus attendre, ce spectacle sera très vite complet.
Fanny Inesta
à retrouver bientôt sur Regar'ts
A partir du livre de Joseph Agostini
avec Lionel Damei à l'écriture et au chant
et Alain Klingler à l'écriture et au piano
Le Théâtre le 95, Au Verbe fou à Avignon, accueillait ce spectacle musical et le présentait en avant-première mercredi soir 27 avril 2022 à 20h15 dans le cadre du Printemps du Off. Une scène grande comme un mouchoir de poche pour moins de 50 places, mais nul besoin de plus à nos 2 comédiens au contraire même, qui naviguent entre piano, fauteuil et divan, les marches des gradins également. Ils chantent, dansent, interrogent, appellent et nous livrent l'âme de Dalida.
Après une sortie de résidence en février puis une première à l’Alb’oru à Bastia en Corse le 24 avril 2022 en présence de près de 300 spectateurs, cet espace intimiste était l'écrin souhaité par les comédiens pour présenter leur spectacle musical, 'Dalida sur le divan'.
Lionel Damei, ses grands yeux soulignés d'un trait de crayon noir, tel une star, se révèle face à son public. De grande carrure, le crâne rasé, en tenue noire et verte, longue tunique jusqu’aux pieds, à l’opposé de l’image que l’on a de la chanteuse, silhouette d’une féminité absolue qui jouait de sa chevelure comme d’une parure, il charme et conquiert cependant à l’identique. Nous sommes dix, nous sommes cent, nous sommes mille … les regards rivés sur sa personne appellent en cet instant la diva, "Callas de la variété" : son esprit nous rejoint.
Alain Klinger, dans son rôle de psychanalyste, semble porté par ces quelques dizaines de spectateurs, nombreux pour "le Verbe fou" puisque la salle est pleine. Je capte son attention au public duquel il parait tirer la tranquille énergie qui alimente son rôle, l'incitant un peu plus a priori à vouloir percer l'inconscient de sa patiente si particulière.
Un certain humour se dégage de ses questions, sous forme d'allusions subtiles qui n'échappent à personne, font rire gentiment. Le tout nourrit le comédien, lui permet d'affiner plus encore son jeu et sa présence scénique ; c'est du bel ouvrage, c’est tout un art.
Lionel Damei devenu la star, se perd dans son intériorité, s'exprime par des gestes et des préoccupations de star, seuls moments durant lesquels quelques accessoires purement féminins interviennent. Sac à main, poudrier, boucles d'oreilles et boa donnent alors vie à Dalida malgré les apparences. Ici, face à nous, il y a bien cette Femme, interprétée par un Homme, dans toute leur splendeur, choix porté par une mise en scène irréprochable.
La chanteuse pourtant disparue, que l'on a aimée ou ignorée, voire détestée, est revenue. Sur cette scène, dans un échange pudique avec le psy, dans son intimité peu à peu dévoilée, l'italienne sensible, profondément touchée par un vécu trop souvent dramatique, se révèle. Quel autre moyen que la consultation psychanalytique aurait pu l'amener aussi idéalement à se rappeler et se confier à nous ?
« Chaque être a le livre de sa vie. Un jour, il faut l’ouvrir et regarder dedans. Le voyage le plus merveilleux, ce n’est pas celui que l’Homme fait en allant à la Lune. C’est le voyage intérieur » dit Dalida à Denise Glaser, en 1972.
Dans son livre, Joseph Agostini analyse Dalida à partir des chansons qu'elle a interprétées. Il en a ensuite tiré une adaptation pour le théâtre dans laquelle Lionel Damei et Alain Klinger ont puisé les bases de leur spectacle, soit le fruit d'une année de travail.
Les multiples chansons qui entrent dans sa composition le structurent, participent aux dialogues, impulsent les échanges entre la consultante et son psy. Leur choix ne résulte pas d'une évidence et ne fut pas aisé. Nous les connaissons toutes ou presque ; certaines ont bien sûr contribué à la célébrité de la chanteuse. Nous en retrouvons ou en découvrons avec plaisir dans tous les cas ; le public en entonne une au final, véritable enchantement.
Tout le monde est conquis ; nul besoin d'échange pour le savoir, applaudissements et signes de contentement le démontrent largement.
Ainsi au bout d'une heure, puisque tout à une fin, ce spectacle s'achève comme il a commencé, par quelques phrases d'une interview réelle réalisée en 1986 à l'occasion de son départ en Egypte pour le tournage du film de Youssef Chahine, ‘Le sixième jour’. Un retour aux sources puisqu'elle y naquit, à la famille, et la raison judicieuse de la consultation chez son psychanalyste pour ce spectacle. Tragédie pour une madone : il marquera la fin de sa vie qu'elle provoquera peu de temps après, l'année suivante.
A votre tour à présent de renouer avec cette femme qui ne fut ni mère, ni épouse et restera à jamais un personnage de scène.
Notez de réserver dès que possible pour ce spectacle musical programmé en ce même lieu durant le Festival Off, du 7 au 30 juillet 2022.
Catherine Giraud