La Femme-Chat

Chacun brise ce qu'il aime

Brûlant de désir


 Je veux que tu sois femme ouverte à l’infini,

Prête à incendier les lieux, les hommes,

Par ta seule présence et ton pas onirique,

Embrasser mon chat, faire l’amour aux arbres,

Jouir secrètement en plein cours de yoga,

Poser pour moi, capter mon œil photographique,

Rien qu’en croisant les pieds ou chaussant mes babouches.


Je veux connaître la joie de m’enfoncer en plein

Dans l’offrande tendre, sacrée, de ta chair capiteuse,

Pour recevoir ensemble l’univers entier ;

Connaître la joie de renaître bientôt en majesté,

Grimper aux murs, jouir à en crever

Sur tes seins, en crachant de belles obscénités.


Je te veux chienne attachée à mon odeur,

Baignant entre ma sueur, mes mots, mon sperme,

Et moi sucer la vie à tes lèvres écarlates

Qui délivrent du seul Verbe et lavent et purifient.

Sois mon espérance, ma lumière, tout l’or que je respire,

Ramené au cœur de la vie et au corps épuisé

Par des années d’absence, des années d’errance,

Jusqu’à figer mes traits, paralyser ma face

Dans l’enfermement, le silence de tes baisers rêvés.


L’Inespéré

Pendant quelques secondes, j’ai tenu au bout des doigts la clarté de ton visage, avant de fermer les yeux pour te sentir grandir en moi, comme l’émotion montait, intacte, devant la puissante étincelle du pardon chère à la femme stellaire très au-delà des mots, très au-delà de tout. J’ai tressailli d’une joie indicible : une joie profonde, une joie spirituelle, une joie charnelle, victorieuse de mes ombres les plus folles.

 Tes mains ont navigué partout sur mon corps en cercles concentriques, prêtes à le délivrer d’un monde de tensions par d’habiles massages à l’huile d’amande douce, et j’ai vécu l’Heure Bleue sous tes caresses aimantes au ciel de mon plafond avec les yeux bandés, et j’ai vu le soleil, la Lune réunis, et ta peau à l’intérieur de la mienne. J’ai reçu ton Amour qui pénétrait en moi, vague purifiante dénouant tous mes nœuds d’homme blessé espérant la musique altruiste de ton corps généreux, de ton sourire la grâce mystérieuse, de tes doigts l’immortelle trace.

Instant de grâce où Monsieur Mon Amour disait OUI à Madame, dans le silence des cœurs et des corps étonnés par le nouvel accord d’un Amour de Lumière.

Revenez, mystérieuse Femme Chat, aimez-moi telle une mémoire innée : vous résonnez si haut !

  

« Chacun brise ce qu'il aime » le livre de Fabrice Glockner

Un portrait magnifique...


Maxime se réveille difficilement après un long coma...les souvenirs se bousculent, tout est bouleversé, en vrac au fond d'un sac.

Il est au seuil de l'adolescence, profondément perturbé par le divorce de ses parents. Son père coupe alors brutalement avec sa vie pour en épouser une autre sous d'autres latitudes.

Transportés rapidement sur un autre continent, une autre atmosphère, on quitte un Vaucluse protecteur pour un climat différent, une autre existence. Adolescence aidant, Maxime cherche à s'épanouir, à être dans ce nouvel univers qu'il découvre.

Après des difficultés familiales, le voici face à un autre destin seul avec son père et son frère prêt à se coltiner une nouvelle existence avec un grand E.

Rencontres, conquêtes, soirées, études, beuveries, pétards...une vie un peu échevelée, pleine d’excès empoigne cet adolescent qui se cherche, en quête de limites, de modèles, de lui-même.


Il ne veut pas se couler dans un moule, pas davantage laisser le cours des choses se faire, il veut être maître de son destin, il veut tout gérer. Il souhaite tout goûter, avide d'une existence pleine de saveurs et d'expériences.

Maxime aime la vie il a peur de ne pouvoir tout faire, il ambitionne d'aller dans chaque recoin. Jamais repu, toujours aux aguets. Jusqu'au jour où tout bascule...

On suit avec facilité l'éveil et l'éclosion de Maxime à la vie....

Le verbe nous emporte et nous transporte rapidement, on reste collés aux mots, en suivant le héros. Le livre nous retient, prisonniers d'une lecture qu'on ne veut pas laisser, d'une existence que l'on a adoptée comme si c'était la nôtre, d'un héros qui nous touche tant il est proche.

Cette plongée dans l'adolescence est comme un bain de jouvence dans lequel on se laisse couler, on se retrouve aux côtés de Maxime, dans l'ambiance d'outre-mer dans la douceur du climat.

Un livre qui sourd en nous comme un torrent impétueux et nous ancre dans une vie à côté de laquelle on se sent bien.

Fabrice Glockner sait avec subtilité et délicatesse nous mener doucement sur le chemin de son héros, nous le suivons avide de découvrir, de connaître....

Le verbe est agréable il n'y a rien jeter, juste l'essentiel, un portrait magnifique, une construction fine et intelligente.

Un livre à lire, que l'on dévore comme une mangue fraîche.


Jean Michel Gautier