BÉLIERS (THÉÂTRE DES)
53, rue du Portail Magnanen
84000 - Avignon -
du 07 au 30 Juillet
à 15 h 25 –
Relâche le Mardi
L’auteur nous fait entrer, en toute indiscrétion, dans l’univers de Glenn Gould, passé à la postérité comme étant l’un des plus grands artistes du 20ème siècle. Très vite remarqué, ce prodige du piano qui possède l’oreille absolue, séduit par sa façon totalement excentrique d’aborder la musique avec laquelle il fait corps et qui vient trouver chez lui son intransigeance obsessionnelle faite de rituels et d’actes magiques
Excentrique ? Pas vraiment car Glenn était probablement un autiste asperger, syndrome officialisé seulement dans les années 1990 et totalement méconnu en 1932, date de sa naissance. Glenn doit donc composer - si tant est que le compromis existe pour lui - pour se faire une place au plus haut niveau. Sa mère, pianiste et professeur de chang, projette sur lui ses rêves de célébrité, sous les regards de son père qui dénonce en elle, la mère castratrice.
Mais, c’est dans le giron de sa mère que Glenn trouve la sécurité qu’il recherche et qui calme ses angoisses tant il abhorre la relation et le contact avec les autres qui le dégoute. Il apprécie néanmoins sa cousine Jessie, interprétée divinement par Lison Pennec, que sa mère cherche de toutes les manières à évincer, pour rester la seule femme de sa vie, ce à quoi elle parviendra.
Nous assistons à la montée en puissance de Glenn au gré des années. Papillon fragile, pris dans la lumière des projecteurs lors des concerts qui le terrorisent. Mais aussi d’une grande force puisqu’il va imposer son choix de ne plus s’exposer mais d’enregistrer en studio ce qu’il chérit le plus « les variations Golberg de Jean Sébastien Bach».
Il va pouvoir ainsi partager sa vision artistique avec le plus grand nombre. Très visionnaire en somme, à l’aube des réseaux sociaux et d’internet. Ce sera un franc succès. Puis, au fil des ans, Il sera rattrapé par son hypocondrie, ses peurs multiples, essuiera des déceptions et des épreuves inévitables. L’envers du décor nous permet de comprendre à quel point le génie de Glenn et son destin peuvent faire un sacré pied de nez à la maladie, aux différences, aux incongruités, aux excentricités, nom que l’on donne lorsqu’on ne comprend pas !
Le jeu de chaque acteur est juste et puissant dégageant une émotion qui vient nous atteindre en plein cœur, aidé par une mise en scène intelligente et des décors d’une efficacité et d’une grande créativité.
Un Glenn plus vrai que nature, interprété magistralement par Thomas Gendronneau, dont la carrière s’annonce prometteuse, et qui ressuscite l’instant d’un espace scénique l’artiste.
Les autres comédiens ne déméritent pas et sont d’une justesse incroyable, Stéphane Roux interprète deux rôles avec brio, le directeur d’une grande maison de disque et un journaliste canadien dont l’accent nous transporte immédiatement dans l’univers des cabanes à sucre.
Le public ne s’y est pas trompé et chaque soir il applaudit à tout rompre cet instant de la vie de Glenn servi par de fabuleux comédiens.
Sylvie Reincz
Pour Têtes d’Aïe – ArtMedia
Mise en scène ; Yann Calberac, Josiane Stoleru,
Décors : Juliette Azzopardi et vidéos de Nathalia Carrol,
Bernard Malaka, Lison Pennec, BenoitTachoires, Stéphane ROUX
Les comédiens : Thomas Gendronneau, Josiane StolerU