CHAPELLE DES ITALIENS (LA)


33 rue Paul Saïn

84000 - Avignon -


du 6 au 30 juillet - Relâches : 12, 19, 26 juillet


à 20h15

Par l’Echo du Soleil


Souvenez-vous de l’assassinat par des terroristes de 7 moines cisterciens, vivant en paix avec la population musulmane en 1996 et du très beau film de Xavier Beauvois, librement inspiré par ce terrible événement : Des Hommes et Des Dieux, sorti en 2010.

Ce drame n’a pas été oublié, ni en Algérie, ni en France, loin de là.

L’Echo du Soleil a voulu partager, d’une certaine façon, la vie et les doutes de trois moines : le Prieur Christian de Chergé, cherchant en permanence le dialogue avec ses frères musulmans ; le Frère Luc dont l’importance en tant que médecin était évident et le Frère Christophe, un homme qui doutait se posant d’innombrables question sur la foi et de son implication en tant que moine. S’y rajoute un musulman et un chef islamiste sans oublier une cantatrice soulignant les différents tableaux avec des chants sacrés, mais aussi de la musique de Vivaldi, Morricone, Rachmaninov, etc.

Dès le début le spectateur est déjà plongé dans une atmosphère religieuse et le fait qu’il ait lieu dans la Chapelle des Italiens n’y est pas étranger.

On assiste alors au déroulement des dialogues entre les moines, entre le musulman et les moines, entre le chef du commando et les Prieur, le tout entrecoupé, ou plutôt illustré de chants liturgiques et autres.

En même temps, nonobstant la contemplativité de ce spectacle, l’on sent la tension monter tout doucement vers une issue fatale, que l’on fait que deviner ici mais que l’on connaît.

Bien évidemment, c’était une gageure de transposer ce drame dans l’espace d’une scène, dans une sorte de huis clos où l’accompagnement musical forme une sorte de ligne de fuite.

Et en même temps l’on ne peut qu’admirer le travail fait sur la mise en scène, les déplacements dans une espace réduite.

Bref, un spectacle à voir et à écouter.


Peter Barnouw


Mise en scène par Pascal Joumier

Avec : Dominique Breuil, Pascal Joumier, Yves Sauton et Joseph Naffah

Chant : Vléria Florencio et Joesph Naffah


  

Un spectacle hors normes, hors cadre : ni plaidoirie, ni réquisitoire, ni enquête, ni règlement de comptes, ni propagande.


Le terme qui le définirait le mieux serait « témoignage » : Pascal Joumier et Yves Sauton, concepteurs du récit de l’engagement des moines de Tibhirine ont transcendé, si tant est que ce soit possible, le matériau constitué à 95 % par les lettres des religieux eux-mêmes, échangées entre eux ou avec leurs familles.


C’est ce qui donne indéniablement cette indispensable touche d’authenticité par laquelle ce moment  de partage avec le public, au-delà du seul genre théâtral, nous touche au plus profond de nos êtres.


La mise en scène sobre de Pascal Joumier, incluant des éléments des liturgies catholique et musulmane, des chants profanes (air du haut bois de Gabriel tiré du film mission, composé par Ennio Morricone), des airs religieux (un sublime Ave Maria de Caccini, entre autres...), la « chahada » (profession de foi musulmane) et l’appel à la prière magnifiquement psalmodiés, est servie par des interprètes hors pairs.


Le charisme de Frère Luc est incarné par Pascal Joumier, la profonde humanité de Frère Christian est portée par Dominick Breuil, et la sensibilité à fleur de peau de Frère Christophe est restituée par Yves Sauton, tous trois bouleversants de vérité.


On notera la précision millimétrée de la régie technique, tenue par le prometteur Samuel Totin.

Que dire des magnifiques performances de Joseph Naffaf, ténor libanais à la psalmodie envoûtante, tour à tour interprète du voisin musulman épris d’œcuménisme et du chef du commando islamique ?.

Valeria Florencio qui chante en italien, en latin, en araméen (la langue des débuts du christianisme) évocation de la Vierge Marie nous chavire et nous transporte par sa voix suave et puissante et toute en nuances de soprano coloratour.


Le final est « tout simplement » sublime !


Bravo et merci à la Compagnie du Soleil et à la Chapelle des Italiens de nous offrir ce moment exceptionnel !



Gerard Huin d'Angelo