AU COIN DE LA LUNE / QUARTIER LUNA


24 rue Buffon

84000 - AVIGNON -



du 7 au 30 juillet - Relâches : 12, 19 juillet


à 16h50

Lorsqu'on croise dans les rues d'Avignon Paolo Crocco en train de tracter son improbable charrette portant les affiches et les flyers de son spectacle, on revoit les artisans des métiers aujourd'hui à peu près disparus : vitriers, rémouleurs, raccomodeurs de faïence...


Et lorsqu'on a dans les mains le tract du "Souffleur", aidé par la voix claire et l'accent chantant de Paolo, l'imaginaire nous incline à penser à un souffleur de verre.


Métaphoriquement, on n'est pas si loin que ça de la vérité.

Enfants, on nous dit "Souffler n'est pas jouer"...

  

Voilà un autre aspect du sens profond de ce spectacle en apparence léger et qui nous livre un regard autre sur les coulisses de ce qui permet aux uns de capter la lumière et nécessite que les autres, pourtant indispensables, demeurent dans l'ombre.

C'est à un vrai rétablissement de la justice envers les humbles, les oubliés, que nous convie le texte d'Emmanuel Vacca, parti rejoindre le héros méconnu de son spectacle. Un texte finement ouvragé, lumineux et coloré, comme une ampoule de verre de Murano.

Il est magnifiquement servi par la subtile interprétation de Paolo Crocco, mêlant le mime, l'art du clown, avec de complices clins d'œil à Molière, à la comedia del arte, et plus près de nous à Charlie Chaplin ou aux Marx Brothers, mais toujours dans la grande tradition italienne des Dino Risi ou Roberto Benigni, et tant d'autres !

Bon, on ne va pas tout dévoiler. Sachons qu'il s'agit d'évoquer le dernier épisode de l'existence d'Ildebrando Biribo, souffleur lors de la première de Cyrano de Bergerac...congédié par le grand Coquelin, et qu'on retrouvera mort à son poste à la fin de la représentation, le 28 décembre1897 au Théâtre de la Porte Saint Martin...rendant ainsi son "dernier souffle"...ou pas...

Bien sûr, le scénario et le texte sont de pures merveilles, jouant avec la vérité historique et la fiction...bien sûr l'interprétation de Paolo Crocco, dont la palette des talents nous est encore une fois révélée, s'avère à la hauteur...


Mais, souvenons nous que tout ce qui nous est donné à voir et à entendre n'est possible que grâce aux remarquables travailleurs de l'ombre : les costumes copies conformes de ceux de l'époque réalisés par Pauline Zurini et Bernadette Tisseau; les musiques sont signées Claudio Del Vecchio; les décors ont été construits par Claude Pierson; la régie lumière et la régie plateau sont assurées par Luc Dégassart et Alberto Taranto; la mise en scène est signée Paolo Crocco...adressons vers l'au-delà un grand coup de chapeau à l'auteur, Emmanuel Vacca, également mime, clown, comédien, metteur en scène et professeur de théâtre.

Venez vous émerveiller dans ce spectacle sur la sortie des coulisses d'un grand "souffleur de vers".



Gerard Huin d'Angelo