ATELIER 44 (L')


44, rue Thiers

84000 - Avignon -


du 7 au 30 juillet - Relâches : 11, 18, 25 juillet


à 12h50

C’est avec un immense plaisir que j’ai revu la pièce « Tom à la Ferme », de l’écrivain canadien Michel Marc BOUCHARD, adaptée au cinéma, mise en scène par Olivier Sanquer, avec la Compagnie Suisse NACEO.

Pièce qui avait été présentée, pour la 1ère fois à Avignon l’an dernier, au FESTIVAL off pour un mini festival. Un coup d’essai réussi, puisqu’ils avaient fait salle comble. Ils récidivent cette année pour toute la durée du Festival.

  

Olivier Sanquer nous propose une mise en scène minimaliste : quatre chaises, une palette. Ce dénuement amène à un focus qui fait émerger l’humain dans toute sa beauté et sa laideur, ses contradictions et ses bassesses, sa violence et sa capacité à aimer. Le tout servi par une écriture intelligente, poétique et sensible.

Tom, citadin, vient de perdre son compagnon. Il décide de se rendre chez sa mère, Agathe qui tient la ferme familiale, pour assister aux funérailles. Son ami a quitté la maison depuis longtemps suite à un drame qui nous sera livré dans les dernières scènes. Très vite Tom se rend compte qu’Agathe ignore tout de l’homosexualité de son fils. Seul Francis, le frère brutal et impulsif, est au courant depuis très longtemps et entretient une fable concernant la liaison de son frère avec une femme. Va alors se dérouler une danse macabre entre les trois personnages. Tom, en proie à sa douleur non exprimée suite aux menaces de Francis de le tuer s’il dit tout. Francis, livré à ses pulsions agressives qui s’expriment dans le rejet de l’homosexualité de son frère et au travers de Tom qui devient son bouc émissaire. Victime de sa propre tragédie, Francis ne trouve jamais grâce aux yeux de sa mère qui le rejette mais qu’il vénère. Agathe, femme forte qui tient seul sa ferme, fait, à certains moments, figure de Piéta qui sublime sa douleur en la sacralisant. Son fils défunt devient alors le Messie et Tom le bon apôtre qu’elle chérit, impudique devant Francis. Puis, coup de théâtre, arrive une fausse fiancée, Ellen qui parle « anglais », et qui jette un pavé dans la mare.

De façon furtive, on assiste dans le déroulement de la pièce, à quelques moments de grâce, joyeux et drôles qui ne font que souligner la tragédie qui se joue en fond. De bondissements en rebondissements, de déchirements en coups donnés, la scène devient une arène sanglante où on attend… la mise à mort !


Sylvie REINCZ

Têtes D’Aïe Art Media




Création du Collectif Nacéo – Mise en scène Oliver Sanquer

Avec (en alternance) : Marie Burkhardt, Vinicius Timmerman, Sébastien Pruvost, Axel Arnault, Olivier Sanquer, Amandine Favier, Angélique Kern Ros