La Passion selon Thibirine
La Chapelle Ste Marthe
Jusqu'au 31 octobre à partir de 18h30 à la Chapelle Ste Marthe, Rue Sambuc à Avignon (entre l'Université et l'ancienne caserne des pompiers de la Rue Carreterie).
Tél pour réserver 06 16 94 34 86
Plus que jamais, allons au théâtre !...��
Thibhirine !... "Les jardins" en langue berbère. Ce seul nom résonne à nos oreilles comme le son de la cloche de la Chapelle Ste Marthe en action ce soir.
La passion selon Thibirine !...ou ... quand la Chapelle Ste Marthe devient quelques soirs durant, le monastère perdu dans les montagnes algériennes de Draâ Essamar commune de la wilaya de Médéa en Algérie.
Thibirine! ... à la source un vaste domaine agricole de 500 ha créé en 1854 par Charles Pierre Lépinay chef de bureau à la direction générale de l'Agriculture, du Commerce et de la Colonisation à Tunis.
Thibirine! ... ou plus précisément l'Abbaye Notre Dame de l'Atlas fondée en 1938 par les moines de l'abbaye d'Aiguebelle et qui constitue les jardins du domaine s'étendant sur 7 hectares. 7 moines trappistes poursuivent leur exploitation même après la nationnalisation intervenue en 1976. Frère Christophe y occupe la fonction d'agriculteur.
Jean-Marie Rouart décrit les lieux lors de son discours académique à l'Académie française :
« C’était une grande bâtisse un peu austère mais chaleureuse et accueillante, construite en face d’un des plus beaux paysages du monde : les palmiers, les mandariniers, les rosiers se dessinaient devant les montagnes enneigées de l’Atlas. Des sources, une eau claire, irriguaient le potager. Il y avait aussi des oiseaux, des poules, des ânes, la vie. Des hommes avaient choisi de s’installer dans ce lieu loin de tout mais proche de l’essentiel, de la beauté, du ciel, des nuages.(...).»
Le 24 décembre 1993, un groupe armé de l'AIS fait irruption dans le monastère. Il est dirigé par l'émir Sayad Attiya, qui exige l'impôt révolutionnaire pour sa cause et veut emmener le médecin de la communauté, Frère Luc. Christian de Chergé, prieur du monastère, formé à la lecture du Coran refuse. Ils sortent indemnes de cette épreuve. Mais c'est juste un sursis qui leur est accordé... puisqu'au cours de l'épisode de guerre civile que l'Algérie va connaître, en 1996, les 7 moines trappistes seront enlevés puis assassinés.
Frère Luc, Frère Christian, Frère Christophe, .... ce sont eux que nous retrouvons ces 7 soirs. Ils sont là avec nous durant ces 7 jours, à la faveur de ces représentations, bien vivants, tellement présents!
Il existe de grands espaces dont on n'exprime rien ou pas grand-chose et de minuscules qui génèrent beaucoup d'émotions.
Le jeu des acteurs en ce lieu si intime sonne juste, a une forte résonance en nous en cette période troublée où le même sentiment d'insécurité nous habite, où il est si important de parler de conciliance, de bonté et de pardon, les valeurs qu'ils prêchaient. Leurs textes, ce qu'ils ont écrits, sont essentiellement repris par Pascal Joumier et Yves Souton pour constituer les dialogues. Pour qui a vu le film il est aisé d'en suivre le cours à partir des moments clés rapportés pour nous.
Les chants et musiques qui les accompagnent sont divins, qu'ils soient interprétés par la soprano Valéria Florencio ou par Joseph Naffah, en solo, en duo parfois, nous prouvant que langues latine et arabe peuvent parfaitement se marier. Ils rythment, doublent, accompagnement la pièce, emplissent l'espace comme le feraient les chants cisterciens. Les voix sont puissantes, sublimes, on les écoute avec émotion et joie.
C'est une mise en scène simple mais étudiée, et belle à la fois. Décor naturel de la chapelle, jeu des acteurs, chants, musiques, clairs-obscurs et lumières,...le tout tellement représentatif de l'univers abbatial et monastique! ... Jusqu'au tragique dont on nous a prévenu que tout ce qui pourrait advenir fera bien partie du "jeu"... alors on ne s'étonne pas mais on imagine quand même avec un sentiment de crainte ce que l'on pourrait ressentir (enfin je le suppose) si c'était nous, si c'était "pour de vrai ".
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"Les sept moines sont enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996. Un communiqué, attribué au Groupe islamique armé (GIA), annonce le 21 mai 1996 leur assassinat. Les têtes des moines sont retrouvées le 30 mai 1996, à 4 km au nord-ouest de Médéa.
En raison de l'absence d'enquête judiciaire algérienne, les commanditaires de l'enlèvement des moines, leurs motivations ainsi que les causes et les circonstances réelles de leur assassinat demeurent mal connus à ce jour. La version officielle d'Alger impute toute la culpabilité au GIA de Djamel Zitouni. Mais des témoignages d'anciens agents des services secrets algériens, tout comme ceux d'islamistes, pointent le rôle des services secrets algériens dans l'enlèvement."
(Source d'informations Wikipedia)
Catherine Giraud
Edifiée en 1751, cette chapelle fut construite sur demande des soeurs de Saint Joseph. Sa façade de deux étages est surmontée d’un fronton triangulaire, et l’intérieur présente un chœur carré à pans coupés. Située derrière l’université, cette église fait désormais office d’aumônerie pour les étudiants, et n’est ouverte que pour les offices.